La routine. C’était toujours la même chose; Roger K. Franklin se faisait réveiller par sa bonne à rien mais fortunée mère qui passait son temps à râler, prenait soigneusement le temps de se préparer puis sortait de son humble maisonnette pour prendre sa marche habituelle…
Toujours les même gens, les mêmes vendeurs, les mêmes rues…
Sa vie était lassante. Il avait besoin de nouveau, ou il allait se trancher la gorge un bon soir de semaine.
Son père était mort environ quatre mois avant. Roger avait hérité de sa boutique de chapeaux, à condition d’héberger sa mère grincheuse. Il avait accepté : aujourd’hui, il le regrettait, elle lui pourrissait encore plus la vie.
Propriétaire de commerce, un travail bien peu ardu; suffisait de faire deux trois tours au magasin par jour, histoire de s’assurer que tout marche comme sur des roulettes.
Un matin, gris, comme à l’habitude, l’homme décidait, pour une fois, de changer sa trajectoire habituelle : il emprunta une rue perpendiculaire, qu’il voyait tous les jours, mais qu’il évitait sans raison. Elle ne semblait pas très fréquentée, elle pouvait être dangereuse.
Qu’importe, il irait. C’était une partie du quartier où il n’était jamais allé; l’allée déboucha sur une nouvelle rue. Soudain, il l’aperçu… un gigantesque et imposant manoir, devant les nuages qui s’approchaient, au loin. Une énorme grille bloquait le passage. Tout cela était si lugubre…
Le ciel devint tout à coup plus foncé, la rue lui parut déserte. Puis tout se passa si vite…
Un coup tonnerre : un orage venait. Néanmoins, l’homme était obsédé par la maison châtelaine, qui semblait l’attendre.
De fraîches gouttelettes commencèrent à tomber du ciel. Roger, regardait toujours, inconscient de la bêtise qu’il allait commettre quelques instants plus tard. Sans savoir pourquoi, il commença à marcher de pied ferme vers la grille. Toujours avec autant de détermination, il l’ouvrit d’un geste majestueux.
<La Grille d’Entrée>
