Un chat. Aussi blanc que la neige, un regard de topaze perçant, et une démarche… féline, il déambulait dans les couloirs, à la recherche de tout ou de rien, en fait, on aurait pu jurer qu’il était invité dans ce manoir. Mais il y avait très longtemps qu’il arpentait le Hall à longueurs de journées, presque 10 ans maintenant.
Et ce chat, généralement, annonçait la venue de sa maîtresse, Maud Neratska Wells, une domestique, qui avait surtout pour mission de veiller sur l’intarissable Ephryn Swenn, la cadette Harland.
La domestique, justement, passa la porte du couloir où se trouvaient les chambres d’amis. Armée de son éternel plumeau noir, vêtue de son inlassable tenue de soubrette traditionnelle, la jeune femme repéra son chat, monté sur une table où une lampe luisait d’une douce et chaude lumière.
Un sourire maternel étira ses lèvres colorées de rose foncé, et elle s’avança vers son animal qui miaula pour l’accueillir. Elle caressa un moment son poil soyeux et clair, pour finalement le prendre dans ses bras.
« Je te cherchais partout, mon chéri ! Pourquoi ne restes-tu pas près de moi ? » lui demanda-t-elle, comme elle aurait pu demander à n’importe qui.
N’importe qui, sauf à son félin. Ce dernier se contenta de la regarder pendant un moment, puis il se retira habilement de l’étreinte de Maud pour rapidement se diriger vers les escaliers du deuxième étage, qu’il monta sans se retourner. La domestique soupira, puis reprit son plumeau et débarrassa la lampe, la table et ses habits des poils blancs de son chat.
Elle épousseta aussi les quelques tableaux des aïeux Harland qui étaient dans le Hall, prenant bien attention de ne pas décaper la peinture, fragilisée par le temps. Passant un coup de plumes sur tous les objets qui passaient à sa portée, Maud n’entendit pas la porte s’ouvrir, malgré qu’elle fut lourde et bruyante.
Puis, elle entonna de sa voix mélodieuse un joli refrain, tout en ignorant la faible lumière du jour qui se reflétait dans la glace qu’elle dépourvoyait de sa poussière, accumulée depuis trop d’années. Elle sortit une sorte de peau de chamois de son tablier, et récura les coins du large cadre d’or qui entourait le miroir dépoli par le temps.
[Réservé à Lehonnor ^^]
