(/!\ Ceci n'est pas mon post, mais celui de Pâris Bennety (et vi en attendant de savoir sont mot de passe ><))
Le panneau de rue lui-même, semblait accuser Paris. Il s’était encore trompé, avait égaré la voiture –et eux avec le véhicule- sur les routes alambiquées de la capitale. Bien sûr, ce n’était pas étonnant. Hormis ses recherches mystérieuses, le jeune homme mettait dans tous ses agissements la plus mauvaise volonté du monde. Quand il était question d’Erwan, tout –ses pensées, ses actes, ses faits- était brouillé, saturé, voué à un échec lamentable.
L’anglais posa un moment ses yeux tristes sur l’adolescent. A cette heure, le premier concerto du jeune prodige avait sûrement été annulé. Les tout nouveaux spectateurs du musicien avaient sûrement déserté la salle, crachant sur les artistes actuels et leur impolitesse. La première représentation d’Erwan ne virerait pas au fiasco, elle ne serait pas. Tout simplement.
Mais le jeune blond avait vécu bien trop de déceptions pour s’arrêter sur celle-là. En revanche, il n’hésiterait pas –Paris en avait l’affreuse certitude- à ajouter cruellement cette erreur sur l’immense tableaux des fautes de son protecteur. Le mur de rancœur que dressait Erwan, et l’esprit froid et dévasté de l’historien empêchait Paris de s’en émouvoir vraiment.
Pourtant il y avait ces ressemblances et cet étrange malaise. Il y avait cette impression qui s’insinuait, qui lui glissait pernicieusement à l’oreille : décevoir le fils c’est comme décevoir le père. Et il se sentait pitoyable, navrant, sans pour autant le pousser prendre en pitié le petit bout d’homme, assis à l’arrière.
C’était absurde de penser des choses comme ça. Tellement absurde et sans sens que ça en devenait insupportable pour Paris. Un dernier regard sur le visage diaphane d’Erwan l’acheva un peu plus, à coup tranchant d’une mélancolie qui fait mal.
"J’ai chaud, je sors." annonça-t-il de son habituelle voix traînante.
Ridicule. La voiture, non isolée, partageait avec l’extérieur la même fraîcheur humide. Mais le jeune Paris ne se sentait jamais capable de fuir Erwan sans excuse, si peu valable soit-elle. Chaque chose prononcée par le brun était un prétexte justifiant son absence, physique ou non.
Une fois la portière fermée et Erwan s’effaçant derrière elle, la fanfare de sensations de Paris s’en allèrent en crescendo, laissant au jeune homme le vide auquel il s’était habitué. Adossé au coffre de la coccinelle, il sortit une de ses cigarettes, élégantes et effilés et la porta à ses lèvres. Encore une fois, ce n’était qu’un motif. On fume, on ne fait rien d’autre, c’est comme marquer une pause à la vie … S’il le pouvait, Paris fumerait éternellement, c’était une situation confortable de s’endormir dans un néant confortable. De ne plus tenter, de ne plus penser …
Malheureusement, les seuls moments de léthargies qu’il s’autorisait étaient ces pauses cigarettes.
Aspirant une longue bouffée de fumée, il monta un moment sur un trottoir étroit. Un brouillard mouillé obscurcissait le paysage. Dans cette purée de bois, Paris était encore un peu plus spectre, un peu plus floue, un peu plus blafard. Ces longs cils se gorgeaient d’humidité tout comme ses cheveux sombres lui tombant sur l’épaule. Sur sa cape grise dégringolait des multitudes de gouttelettes. Il ne pleuvait pas pourtant …
Son anglaise s’éteignit. Evidemment, sous ce nuage imbibé d’hydrogène, il ne pouvait en être autrement. Deux minutes s’étaient écoulées. Il fallait peut-être rebrousser chemin. La fureur exaltait l’impatience d’Erwan. Il fallait quitter cet oasis de tranquillité, de paix ennuyeuse et apaisante. Il fallait reprendre cette vie, ce combat de veuf borné et de nouveau chef de famille. C’était inéluctable et bien effrayant …
Le jeune homme pivota son grand corps mais ne bougea pas. L’automobile lui faisait face et il traîna le pas jusqu’à elle.
Paris n’avait pas remarqué l’étrange bâtisse qui venait d’apparaît –Pouf !- comme un mirage en plein désert.